Linky, le compteur qui fait débat
Ce soir à Auch où 2500 compteurs «communicants» Linky ont déjà été installés par Enedis ces deux derniers mois, un «débat citoyen» va confirmer que ce déploiement est sujet à controverses.
En deux mois, 2500 compteurs Linky ont été installés à Auch où le déploiement se poursuit/ Photo DDM. Nedir Debbiche.
Linky, le nouveau compteur électrique «communicant», ne compte pas que des fervents. Il continue à faire débat alors que son installation se généralise. Ainsi sur Auch où Enedis en a déjà fait poser 2 500 en l'espace de deux mois. Il en reste plus de 11 000 à installer sur la ville chef-lieu, «ce sera fait d'ici l'automne», affirme Christian Bresson. S'il annonce aussi que sur Duran, Barran, Lasseran, les premières installations ne vont pas tarder, le directeur d'Enedis Gers confirme que bien que «sollicité», il ne participera pas au «débat citoyen», ce soir. «Mon rôle n'est pas de défendre la loi». Cela pour rappeler que «la loi de transition énergétique rend obligatoire la pose du compteur Linky».
Appelé à remplacer l'ensemble des compteurs d'électricité sur le territoire français d'ici 2021, il est dit «communicant» car il permet de transmettre des informations à distance en utilisant la technique du courant porteur en ligne (CPL), explique Enedis qui réfute «toutes les rumeurs et fausses informations» colportées par les anti-Linky. Parmi eux, le Girondin Stéphane Lhomme, «ingénieur et spécialiste du sujet» selon les organisateurs du débat, élu à Saint-Macaire où le conseil municipal a délibéré «contre» l'installation de ce compteur. En père de famille et en qualité de directeur de l'Observatoire du nucléaire, nous dit-il, Stéphane Lhomme dénonce ce qu'il appelle, un désastre environnemental : «Puisque les compteurs gaz et eau vont suivre, ce sont 85 millions de compteurs que la France va jeter à la poubelle pour les remplacer par des communicants».
Il parle aussi d'un désastre financier («que paieront les usagers»), craint pour les libertés publiques («que deviendront les données personnelles détenues par Linky?») et s'inquiète pour notre santé («Nous allons vivre de plus en plus dans un bain d'ondes électromagnétiques»). Sur ce dernier point aussi, Enedis pour qui ce nouveau compteur n'aura que des avantages pour les usagers sans compter «que Linky ce sont 10 000 emplois non délocalisables qui sont créés sur six années consécutives en France», n'est pas sans réponse «contre ceux qui voient le mal partout».
Ainsi dans nos colonnes, le 5 novembre, Bernard Lassus, directeur du programme Linky chez ERDF affirmait : «Outre nos propres études en amont, l'Agence nationale des fréquences (...) confirme que le niveau émis par Linky est comparable à celui de compteurs bleus». N'empêche que Saint-Macaire n'est pas la seule commune française à avoir délibéré contre l'installation du compteur communicant. Ainsi dans notre département, à Ladevèze-Rivière où pareille délibération, prise à l'unanimité du conseil municipal, pourrait valoir à la commune, si elle persiste, de devoir en répondre prochainement devant le tribunal administratif. Joint vendredi, le maire Cyril Cotonat n'excluait pas de participer au débat de ce soir.
Pourquoi Linky?
Le débat citoyen de ce soir (20 h 30, à la salle du Mouzon à Auch) est organisé par l'association Bien vivre dans le Gers, les collectifs 32, Robin des Toits etc... Stéphane Lhomme, l'ostéopathe Christan Bordes à propos de «la sensibilité électro magnétique», interviendront ainsi que des élus. La «salle» aussi sans doute, sur le «pourquoi» de ces nouveaux compteurs, la «logique économique» de leur déploiement, les incidences sur notre santé, sur notre vie privée. Grande question aussi : pouvons-nous refuser l'installation de ces compteurs?
La Dépêche du Midi/B.D. (6 février 2017)