La battue du siècle prévue entre Sierck et Bouzonville le 25 février
Les chasseurs eux-mêmes n’en reviennent pas : par arrêté préfectoral du 7 février dernier, le préfet de la Moselle a programmé une battue concertée le 25 février prochain qui regroupera quelque 700 fusils.
C’est un carré de 10 km sur 10 aux confins du Pays de Sierck et du Bouzonvillois où il ne fera pas forcément bon se promener le 25 février prochain ! Un arrêté préfectoral daté du 7 février prochain prévoit en effet qu’une battue concertée s’y déroule ce jour-là qui, selon les termes du texte, réunira 526 chasseurs postés et 174 traqueurs, c’est-à-dire un potentiel de 700 fusils sur un périmètre passant par Chémery-les-Deux, Menskirsch, Saint-François-Lacroix, Waldweistroff, Neunkirschen-lès-Bouzonville, Guersling, Bouzonville et Freistroff… « Cela représente environ 10 km sur 10… Avec des parcelles réservataires, c’est-à-dire incluses au sein d’autres chasses. À ma connaissance, c’est du jamais vu du moins pas dans de telles proportions » s’inquiète Jean-Christophe Hamelin, patron des chasseurs thionvillois, visés par l’arrêté.
« On traite le problème avec des méthodes du XIXe siècle. »
Objectif d’une telle puissance de feu déployée ? Réguler les populations – abondantes – de sangliers afin de protéger les cultures et donc "traiter" le massif limitrophe aux cultures de ce secteur… Pour Patrick Luxembourger, le maire de Terville, passionné de chasse, c’est un fait : « On veut prendre en compte un problème qui doit l’être mais de manière disproportionnée et avec des méthodes du XIXe siècle… Que cherchent-ils ? Éradiquer l’espèce ? »
À cette dernière question, pas de réponse formelle bien entendu puisque l’arrêté ne quantifie par l’objectif de tir de la journée du 25 février prochain.
Danger
Si Jean-Christophe Hamelin ne disconvient pas de la réalité des dégâts occasionnés aux cultures par les suidés, notamment au printemps et à l’automne, il relativise toutefois : « Les relevés effectués montrent que l’année écoulée n’a pas été pire que les autres : les surfaces touchées sur le secteur atteignent un peu moins de 44 ha, soit un total qui est certes supérieur à 2015 mais tout à fait comparable à 2013 par exemple. On comprend donc mal pourquoi de telles mesures… »
Une "mobilisation" jugée dangereuse par l’homme de l’art : « Autant de fusils sur un territoire aussi étroit un même jour, c’est prendre un risque indéniable autant pour les chasseurs eux-mêmes que pour les promeneurs, les affouagistes qui sont nombreux à cette période, etc. Et quid de la signalisation routière ? »
Autant de questions qui demeurent pour l’heure sans réponse. Une réunion de travail a bien été prévue demain mais « j’ai préféré demandé aux gars de la boycotter, l’incompréhension est telle, j’ai peur que les gars s’énervent… », souligne encore Jean-Christophe Hamelin.
Une tension notamment nourrie par le fait que ni la commission d’indemnisation – « qui jusqu’ici sur le secteur a toujours joué son rôle » –, ni la commission "Sanglier" qui constitue un espace de concertation naturel préalable à ce type de battue, « n’ont été consultées » affirme encore le nemrod qui siège au sein des deux instances.
De fait, son appel au boycott va encore un peu plus loin : Jean-Christophe Hamelin invite l’ensemble des chasseurs concernés à ne pas participer à ladite battue pour « raisons de sécurité. Fin de la discussion. » Fermez le ban.
Le Républicain Lorrain/H. B. (16 février 2017)
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