Cosmétiques testés sur des animaux - Ce n’est pas encore totalement interdit
L’Union européenne a récemment pris la décision de mettre un terme aux expérimentations animales dans le secteur des cosmétiques à l’intérieur de ses frontières.
En théorie, tester sur des animaux (rats, lapins ou autres) des composants de produits n’est plus possible. Les défenseurs des animaux peuvent se frotter les mains. La justice européenne a décidé, concernant le marché européen, de mettre un terme aux expérimentations animales utilisées dans le secteur des cosmétiques. Si l’on s’en tient à ce texte, cela signifie qu’aucun des produits dont des composants auront été testés sur des animaux (rats, lapins ou autres) ne sera toléré. L’Union européenne (UE) prévient qu’elle ne fera aucune distinction du lieu où l’expérimentation animale a été réalisée. Ce qui veut dire que les produits cosmétiques testés sur des animaux en dehors de l’UE peuvent être interdits sur le territoire de celle-ci.
Interdiction déjà prononcée en 2013
Par cette prise de position, la Cour de justice de l’UE entend promouvoir l’utilisation de « méthodes alternatives ne recourant pas à l’animal pour assurer la sécurité des produits cosmétiques ». Actuellement, les sanctions en cas de délit sont décidées par le pays dans lequel le méfait est constaté.
À terme, il s’agit de faire évoluer les pratiques de l’industrie cosmétique pour que celle-ci se passe définitivement des animaux pour élaborer ses produits.
En réalité, l’interdiction de l’UE, qui représente le plus grand marché au monde des cosmétiques et des soins, date de 2013. Mais seuls les composants utilisés à des fins exclusivement cosmétiques sont visés. Pour les ingrédients « multi-usages » (conservateurs, parfums, solvants, polymères, filtres solaires…), utilisés en cosmétique mais aussi dans d’autres secteurs comme la pharmacie, la chimie ou l’agroalimentaire, des tests sur animaux peuvent toujours être effectués. Une étude datant de 2016, menée par l’association de défense des animaux Peta, indique que plus de 250 marques de cosmétiques, notamment Avon, Neutrogena, Guerlain, L’Occitane, MAC Cosmetics, Vidal Sassoon et Mary Kay, ont encore recours à ces pratiques. Selon la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux, 27 000 animaux sont utilisés pour ces tests chaque année. Dans le domaine de l’expérimentation animale, celles menées sur des animaux peuvent être cruelles, comme l’application de produits chimiques versés dans les yeux des lapins ou appliqués sur leur peau rasée. Pour déterminer les pathologies susceptibles d’être créées par une substance, des tests sont pratiqués sur des souris et des cobayes : gavage forcé, exposition cutanée ou inhalations sont monnaie courante.
D’un point de vue purement commercial, une étude menée auprès de 1 000 personnes par Nielsen montre que la mention « non testé sur les animaux » est un argument fort pour les acheteurs de produits de beauté. Ils seraient 57 % à préférer cette information aux autres arguments de vente. D’autre part, 43 % des participants sont prêts à dépenser plus pour des produits non testés sur les animaux.
On le voit, les mentalités changent. Et la décision que vient de prendre l’UE fait boule de neige. L’Inde, Israël et la Norvège ont également banni les tests sur animaux pour les cosmétiques. Ailleurs encore, comme aux États-Unis, des lois similaires sont en cours d’élaboration. Même la Chine, pourtant adepte de tests sur animaux pour les cosmétiques, y a renoncé récemment à condition que les produits en question soient fabriqués sur son sol. D’autres secteurs industriels, notamment la chimie, s’intéressent par ailleurs aux méthodes initialement développées pour les cosmétiques.
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Richard Nicolini (21/02/2017)