Chouette, une chevêche !

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Incontournable en Alsace, la petite chouette aux grands yeux jaunes a tout pour plaire. Les ornithologues lui portent une affection toute particulière. Malgré leur action pour préserver son habitat, cet oiseau reste, encore aujourd’hui, particulièrement menacé.

La chouette chevêche exhibe un plumage tacheté caractéristique. DR

La chouette chevêche exhibe un plumage tacheté caractéristique. DR

Une déesse aux yeux d’or. Chouette chevêche, ou chouette d’Athéna, elle a de nombreuses appellations. Plus qu’une simple espèce d’oiseau, elle est une véritable source de passion pour les ornithologues qui la suivent. Une affection qui a en partie permis de sauvegarder son habitat, bien souvent mis en péril par l’urbanisation croissante du territoire.

« Une espèce qui mobilise autant, c’est très rare »

« J’ai croisé son regard doré lorsque j’étais adolescent, depuis je ne l’ai plus quitté » confie Dominique Bersuder, ornithologue et membre de la Ligue de protection des oiseaux. L’animal, il le suit assidûment depuis dix ans dans la région de l’arrière Kochersberg. Avec près d’une centaine d’ornithologues à ses trousses, la chevêche d’Athéna est l’oiseau le plus suivi en alsace : « Une espèce qui mobilise autant, c’est très rare », confirme l’ornithologue.

L’engouement inédit pour ce rapace nocturne est sans doute lié à ses caractéristiques, ainsi qu’à son apparence particulière. Vingt centimètres de haut, le dos brun tacheté de blanc, des yeux dorés surmontés d’un long sourcil blanc, elle a le regard sévère, le chant clair et tout pour plaire.

« Pour la chevêche, c’est la crise du logement »

La « si convoitée » apprécie tout particulièrement les cavités où elle peut venir tranquillement se nicher, à l’abri du monde. L’oiseau est en somme un « cavernicole ». Arbres creux, saules têtards et vieux bâtiments, sont les endroits qui lui permettent de se dissimuler le jour. C’est principalement à l’orée du crépuscule, que l’on peut espérer apercevoir la petite déesse.

Son habitat fragile constitue la véritable faiblesse de la chouette chevêche : « Dans la région, on a coupé énormément de vieux fruitiers et de nombreux saules têtards, arbres qu’elle recherche tout particulièrement. C’est une véritable crise du logement pour l’espèce. » Constate Dominique Bersuder.

En cause, l’urbanisation massive et l’optimisation des terrains agricoles ont, depuis les années 60, impacté directement son milieu naturel. Encore aujourd’hui, elle figure sur la liste rouge des espèces menacées d’Alsace et bénéficie d’un plan d’action national dans le cadre du programme d’action pour la diversité biologique en France.

« La dynamique est positive, mais sa présence sur le territoire reste peu importante »

La disparition programmée de l’espèce a pourtant connu un véritable revers. Les ornithologues ont démarré depuis quelques années un programme de construction de niches artificielles, pour remédier à la destruction de l’habitat de la chouette. Près de 900 cavités artificielles et géolocalisées ont permis le suivi efficace et la réimplantation de la chouette Athéna dans la région.

L’animal profite également d’un climat qui lui est de plus en plus favorable. Le réchauffement climatique et les hivers plus doux permettent une présence plus abondante de rongeurs et d’insectes, sa source de nourriture principale.

« La dynamique est positive, notamment autour de Saverne. La présence de quelques vieux saules sur l’arrière Kochersberg est favorable à son installation. C’est la troisième zone la plus peuplée en alsace avec environ une trentaine de couples. Mais sa présence sur le territoire reste tout de même peu importante », constate Dominique Bersuder. L’oiseau n’est présent que dans près de 17 communes sur 27 entre la Zorn et Wasselonne. Le combat n’est pas encore complètement gagné pour la chouette.

Sa présence est pourtant essentielle à l’écosystème local : « Un couple de chevêches et ses oisillons consomment environ trois mille campagnols à l’année, tout ça sans compter tous les autres insectes comme les chenilles et les vers », souligne la Ligue de protection des oiseaux.

Un impact bénéfique pour l’environnement, qui peut s’avérer particulièrement profitable pour les agriculteurs, voire même les particuliers.

Une bonne raison de soutenir sa préservation, si ses yeux d’or ne vous en ont pas déjà convaincus.

DNA-Simon Wohlfahrt (24/02/2017)

Chouette, une chevêche !

Publié dans Biodiversité

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