Au train où va la vie
Avec 40 billets de train , Martine Boncourt signe une série de récits qui sont autant de tranches de vie. De l’humour, du poignant et une soif d’écriture assouvie par son sens de l’observation. Rencontre entre deux wagons.
La couverture de ce nouvel ouvrage a été réalisée par le dessinateur Pat Thiebaut. Photo : DNA - David GEISS
Martine Boncourt, un nom qui résonne encore dans les salles de classe de Wolxheim, Avolsheim, Lutzelhouse ou Mutzig. Notre instit’retraitée a vu défiler nombre d’élèves lors de ses 40 années de carrière dans l’enseignement. Mais la docteur en sciences de l’éducation a su aussi donner de la voix pour défendre « la méthode Freinet ». Militante dans l’âme elle s’est fendue de quelques ouvrages pour mettre en avant ses idées. La preuve avec Autorité à l’école, mode d’emploi paru aux éditions ESF en 2013.
« Il y a ceux qui choisissent le silence, d’autres qui jouent l’authenticité en sachant que ce moment est sans lendemain. Enfin cet anonymat peut également générer des mensonges »
Mais cette fois, sa posture est toute autre. Exit le tableau noir et repli sur la banquette du train avec vue panoramique sur la société qui nous entoure.
« Depuis 15 ans je prends beaucoup le train où il y a quelque chose de sécurisant et puis cela permet aussi de satisfaire ma boulimie de lecture » remarque-t-elle. Et quand elle referme son livre ou son magazine c’est pour mieux ouvrir les yeux sur ce tout proche et singulier environnement. « Je prends des notes mentalement, j’observe des choses fines. De toutes petites choses mais qui sont finalement très révélatrices » souligne-t-elle. Alors que dehors, les paysages défilent à toute vitesse, le compartiment regorge de petites histoires qu’elle couche sur le papier le soir, sitôt rentrée chez elle.
En 15 ans de trafic ferroviaire, entre Paris, Lyon et Strasbourg, notre écrivaine a rédigé une cinquantaine de récits dont 40 ont finalement été choisis pour ce nouvel ouvrage. La vie sur rails est un concentré de la condition ou de la comédie humaine avec cette particularité que « l’anonymat exacerbe tous les types de comportement ». « Il y a ceux qui choisissent le silence, d’autres qui jouent l’authenticité en sachant que ce moment est sans lendemain. Enfin cet anonymat peut également générer des mensonges », détaille Martine Boncourt. Démonstration faite dans La Wells et fargo. Récit d’une rencontre avec la maman d’un des élèves de Martine Boncourt. Toutes deux se croisent régulièrement dans le train et finissent donc par engager la conversation. La jeune dame, toujours sur son 31 explique se rendre à Strasbourg pour travailler comme gouvernante chez un vieux monsieur. Mais la réalité est toute autre. Martine Boncourt s’en rend compte quand elle recroise cette même personne dans les toilettes de la gare de Strasbourg où elle se maquille, enfile sa minijupe et ses talons-échasses, avant de s’aventurer sur le trottoir…
Changement de décor avec La petite fille dans le train. Car l’enfance et l’éducation, on s’en doute bien, s’impriment sur bien des billets de train. Dans ce récit, touchant et bien amené, l’auteure retrouve un peu sa blouse de maîtresse d’école. Mais sans donner de leçon. Simplement pour mettre le doigt sur les écarts de langage d’adultes qui sont lourds de conséquences dans la construction d’un enfant.
Ce qui me fait écrire, c’est les gens
Martine Boncourt aime à le répéter : « Ce qui me fait écrire, c’est les gens. » Ces gens auxquels elle repense une fois rentrée chez elle le soir. Dans cette maison surplombant Oberhaslach, en lisière des bois. Cède-t-elle à l’appel de la forêt ? Certes pour se balader mais nullement comme source d’inspiration. Car ce qui compte pour elle et qui continue à la surprendre ce sont ces hommes, ces femmes, ces enfants qui l’entourent, qui nous entourent. Son ouvrage en offre un bel aperçu.
À lire sans attendre… et pourquoi pas dans le train.
40 billets de train de Martine Boncourt. 111 pages. 10 euros. En vente sur le site www.pedagoboncourt.fr
L’auteur dédicacera son ouvrage ce mercredi 14 décembre de 15 h à 18 h à la médiathèque de Mutzig. Ainsi que le samedi 17 décembre à 15 h à l’Arrêt Création de Wackenbach.
DNA-DG (14/12/2016)