Le squat de la nature
Bernard Irmann balade son appareil photo dans la ville, à la recherche des empreintes laissées par le végétal. Il lance une souscription pour son nouveau livre : "Signé nature".
Une souscription papier à l’heure du « crowdfunding », ça devient rare.
C’est pourtant le mode choisi par Bernard Irrmann pour éditer son troisième livre de photographies. Après "Forêt de la Robertsau" , en 1999, puis "La Robertsau côté village" , en 2008, Bernard Irrmann poursuit avec "Signé nature", annoncé pour fin 2016.
Il s’aventure cette fois hors du quartier mais raisonnablement, dans les bornes de l’agglomération. Investi de longue date dans le monde associatif, de l’Adir à la Ligue pour la protection des oiseaux, il occupe une bonne part de sa retraite avec le CINE de Bussierre, où il est en charge, entre autres, de la programmation artistique.
En 160 pages et plus de 150 photos
Bernard Irrmann aime bien la promenade, il se présente comme un « glaneur » d’images, la photographie est pour lui une respiration. Il part avec son sac, son vélo et se laisse porter par le hasard, sauf quand il fait de l’affût. « La nature qui surgit dans le béton, le minéral » et qui « s’incruste » l’intéresse : « La biodiversité en ville existe vraiment, ce n’est pas qu’un slogan politique, a-t-il observé. La politique zéro pesticide a porté ses fruits. »
Mais il regrette que, dans le même temps, des friches intéressantes soient sacrifiées sans états d’âme.
En 160 pages et plus de 150 photos, prises ces dix dernières années, Bernard Irrmann raconte ça. Dans une première partie, il reste en milieu urbain puis dans un second temps revient à la forêt, à ses troncs et ses écorces graphiques.
La cathédrale vue d’Oberhausbergen, flanquée de grues - pas les oiseaux -, ouvre l’ouvrage, qui recense ces fameux surgissements de la nature, comme cette statue dans le parc du Kaysersguet, rhabillée de lierre - on ne peut plus la voir aujourd’hui mais c’est une autre histoire. Il y a aussi des vues suscitées par la lumière du moment, ainsi cette péniche sur le canal de la Marne au Rhin en hiver.
Entre inventaire et mignonnes séquences, la faune occupe une place importante, et notamment les oiseaux, cormorans, faucon crécerelle, martin-pêcheur, cygnes, et même un rare butor étoilé.
Là, une tache de salpêtre qui tient de la peinture rupestre semble figurer un hippopotame et répond au cliché d’un rhinocéros tagué sur un mur. Ici un tronc couché dans une rivière, dans la forêt de la Robertsau. Les déchets ramenés par le courant semblent former le feuillage d’un arbre.
Ce sont aussi ces petits accidents que Bernard Irrmann aime immortaliser, en se plaisant à imaginer ce que ce serait si soudain la nature recouvrait tout.
Souscription jusqu’au 1er octobre 2016. Tarif : 22 euros. www.bernardirrmann.com
DNA-Myriam Ait-Sidhoum 14/07/2016