Tchernobyl, Fessenheim, même combat
Plusieurs milliers d’opposants au nucléaire, surtout allemands, s’étaient donné rendez-vous hier sur les ponts du Rhin pour commémorer les 30 ans de la catastrophe de Tchernobyl. Et exiger la fermeture de la centrale de Fessenheim.
Les Allemands, sous les vents dominants de Fessenheim, demandent la fermeture de la centrale alsacienne « pour éviter le pire ». Marc Rollmann/DNA
C’est sans doute sur le pont du Rhin entre Vogelgrun et Breisach que l’affluence des antinucléaires a été la plus importante hier à midi. Plus de 1 500 manifestants y ont été comptés par la police allemande tandis qu’un millier de personnes s’étaient rassemblées sur le pont du Rhin au niveau de Marckolsheim et quelque 300 à Chalampé. Plus au nord, les opposants au nucléaire étaient moins nombreux (une centaine à Gerstheim, trois cents entre Strasbourg et Kehl) mais la détermination était la même sur l’ensemble des sept ponts du Rhin (dont deux en Suisse) pour dénoncer le risque nucléaire, vilipender le lobby de l’atome et réclamer la fermeture de la centrale de Fessenheim.
Les militants de Stop Transports-Halte au nucléaire, du réseau Sortir du nucléaire, de Stop Fessenheim, du CSFR ou d’Alsace Nature étaient tous sur le pont en ce dimanche mais ce sont surtout des Allemands qui sont venus à l’appel du mouvement de protection de l’environnement Bund et des associations antinucléaires du Bade-Wurtemberg, excédés par les tergiversations françaises autour de la centrale de Fessenheim.
À Gerstheim par exemple, les Alsaciens n’étaient guère qu’une poignée au milieu de dizaines d’Allemands scandant « Fermons Fessenheim maintenant ».
La centrale alsacienne ? « Une vieille cochonnerie »
Contrairement au panache radioactif, le militantisme ne connaît pas de limite. « Nous sommes présents ici à l’endroit où le nuage de Tchernobyl s’est arrêté il y a trente ans, a ironisé sur le pont de l’Europe entre Strasbourg et Kehl, Jean-Marie Brom, de Stop transports - Halte au nucléaire. Mais la frontière n’arrête pas les antinucléaires. » Qualifiant la centrale de Fessenheim de « vieille cochonnerie », le physicien estime que « le gouvernement ne veut pas sortir du nucléaire ». « En France nous sommes habitués aux mensonges du nucléaire, ajoute-t-il, et aux promesses de François Hollande » qui avait annoncé la fermeture de Fessenheim avant la fin de son mandat.
Les manifestants se sont allongés sur le pont avant de jeter des fleurs dans le Rhin, symbolisant leurs « espoirs pour l’avenir » mais aussi « les 600 000 à 700 000 personnes qui souffrent encore aujourd’hui, trente ans après la catastrophe de Tchernobyl. Dans le nucléaire, quand un accident démarre, on ne peut plus l’arrêter. À Tchernobyl, il continue encore aujourd’hui. »
« À quand la prochaine catastrophe ? »
Même discours sur le pont de Marckolsheim, où Axel Mayer le vice-président du Bund de Fribourg-en-Brisgau a lancé une virulente adresse au président Hollande pour lui demander de respecter sa promesse de fermer Fessenheim. Claude Ledergerber, vice-président de l’association trinationale TRAS-ATPN a renchéri : « Combien de temps nous sépare de la prochaine catastrophe ? » Il a rappelé qu’un accident nucléaire hypothèque l’avenir de tout un pays et a assimilé cela à un crime contre l’humanité. « Le monde nucléaire ment, désinforme ou omet tout simplement », a-t-il encore affirmé dans son discours sur le pont du Rhin. Après avoir fait observer une minute de silence pour les morts des différentes catastrophes, la manifestation s’est dispersée et le pont a été rouvert à la circulation.
DNA-A.P. et G.R. 25/04/2016