Cirques et paillettes : ce qui se cache derrière !

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Quel œil d’enfant n’a pas pétillé lorsqu’un cirque était annoncé ! Assister au spectacle était bien plus qu’une récompense : c’était un rêve qui se réalisait, la magie d’une piste aux étoiles qui, enfin, se concrétisait…

Illustration : © Claude Buret (02/2016)

Illustration : © Claude Buret (02/2016)

Ah ! Le cirque ! Son chapiteau. Sa caravane. Ses clowns. Ses acrobates… Et sa ménagerie !

S’il est un point majeur qui divise les « pros » et les « antis » cirque, c’est bien la présence d’animaux –souvent exotiques-, leurs conditions de détention et les numéros grotesques qui leur sont invariablement imposés ! Le public, les enfants en priorité, applaudissent et en redemande… Mais, quant à savoir ce qui se cache derrière tout cela, c’est une toute autre histoire et elle n’a rien de comique !

Il serait certes injuste de mettre tous les professionnels du spectacle dans le même sac. Pour autant, ne nous voilons pas la face : hors de leur contexte et milieu naturel, les animaux sauvages sont forcément condamnés à un enfermement et à des conditions de détention bien souvent déplorables voire catastrophiques ! Des associations dénoncent ainsi des cages souvent exiguës à l’hygiène très approximative : les animaux n’en sortant que pour travailler… Les besoins vitaux des détenus ne peuvent évidemment pas être satisfaits et, si les lions originaires de pays au climat chaud, souffrent en toute logique du froid lors des tournées, d’autres comme les ours, sont au contraire considérablement indisposés par la chaleur…

Autre point d’achoppement -et non des moindres- : le dressage ! Il existe, en la matière, une abondante littérature et les témoignages éloquents quant à la réalité des faits ne manquent pas ! En résumé, pour arriver à un résultat satisfaisant, les dresseurs et autres dompteurs ne disposent que de moyens très limités : les coups et autres sévices corporels (fouet, lasso, barre de fer, pointes piquantes, utilisation du feu) et les violences psychologiques comme la privation de nourriture ou l’enfermement de longues heures durant dans le noir !

Afin d’arriver à l’aboutissement des numéros présentés –des tours où généralement l’animal est ridiculisé et mis dans des situations souvent totalement saugrenues- c’est donc une somme monstrueuse de souffrance qui est nécessaire ! Le public l’ignore –ou feint de l’ignorer- et applaudit à tout rompre, vacarme qui, ajouté aux autres bruits permanents du spectacle, stressent considérablement les bêtes captives ! Seul le naïf peut imaginer que tout cela se fait en douceur, grâce notamment à une formidable complicité entre le dresseur et ses bêtes de foire et que les animaux présentés sont heureux –notion qui leur est du reste totalement inconnue- de s’exhiber de la sorte, de sauter à travers des anneaux en feu, de s’assoir sur un tabouret, de saluer, de faire le clown…

Parfois, les malheureux, excédés par leur épouvantable condition d’existence, craquent et c’est la catastrophe : l’accident (1) ! « Les risques du métier » dira-t-on alors, fataliste, ou encore invoquera-t-on un « coup de folie » imprévisible ce qui est absurde puisque l’animal en révolte n’aura fait qu’essayer de se soustraire à la folie de l’homme qui, jour après jour, le contraint à effectuer des numéros et gestes contre nature ! L’attitude de révolte est non seulement parfaitement prévisible mais, au contraire, logique pour tenter d’échapper à ses bourreaux…

Une note d’espoir…

Grâce à la médiatisation de ces faits cruels et barbares, certaines consciences s’éclairent progressivement ! Le combat est certes loin d’être gagné tant certaines pratiques ont la vie dure mais, les choses avancent et ce, particulièrement, grâce à la pugnacité de certaines associations (2) qui, inlassablement, tentent de faire connaître la réalité endurée par les animaux captifs des cirques.

Si la France est, comme bien souvent en matière de protection animale, très frileuse et hésitante à légiférer sur le sujet, certaines initiatives locales voient néanmoins des municipalités refuser l’installation de cirques utilisant des animaux sauvages pour leurs spectacles : ainsi Bagnolet, Fontenay-sous-Bois (Val de Marne), Bessancourt (Val d'Oise), Vernaisson et Chassieu (villes du Grand Lyon), Creil dans l'Oise, Illkirch (Bas-Rhin), La Trinité, Porte-lès-Valence (Drôme), Roncq dans le département du Nord-Pas-de-Calais, Roquebrune-sur-Argens (Var), Vourles, Yerres… sont à citer pour leur exemplarité !

Montreuil (Seine-Saint-Denis) fait également partie de ces villes qui « résistent ». Fabienne Vansteenkiste, adjointe déléguée à l’espace public s’en explique : « La commune de Montreuil interdit depuis 2009 la présence sur son territoire de cirques présentant des animaux sauvages. Nous avons jugé juste cette décision au regard de la maltraitance dont ces bêtes sont victimes : elles vivent dans des cages trop petites et sont brinquebalées de ville en ville dans des conditions sanitaires déplorables. (…) Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une réflexion globale sur la présence de l’animal en ville. A Montreuil, dans le parc des Beaumonts, on peut observer les animaux qui vivent sur notre territoire : grenouilles, oiseaux, insectes... Faisons en sorte que la biodiversité soit la moins artificielle possible. Le cadre naturel d’un éléphant, ce n’est pas de vivre en France. Les cirques donnent aux enfants une image faussée de l’animal : dans la savane, un éléphant ne va pas s’asseoir sur son derrière pas plus qu’un lion ne va sauter dans un cerceau en feu. Si la faune africaine les intéresse, il est préférable qu’ils regardent des reportages animaliers à la télévision plutôt que de voir une bête faire des choses anormales pour elle ». (3)

En Europe, la Grèce est l'Etat le plus radical, puisque plus aucun animal n'est toléré sous les chapiteaux. L'Autriche a interdit de son côté les animaux sauvages, tandis que l'Allemagne, le Danemark, la Hongrie ou la Suède ont pris des mesures partielles qui n'interdisent que l'exploitation de certaines espèces. Des interdictions existent également en Bolivie et au Costa Rica. (4)

Des cirques, OUI… Mais sans animaux !

A l’instar du Cirque Plume (qui existe depuis plus de 30 ans) ou le Cirque du Soleil, d’autres établissements du même genre, garanti 100% sans animaux, sans violence et sans captivité, tournent et fonctionnent magnifiquement bien (5) ! Comme quoi, avec des artistes ayant un authentique talent, le recours à l’esclavage animal est inutile pour connaître un succès bien mérité par ailleurs… Qu’on se le dise !

  1. Quelques accidents de cirque listés ici : http://www.nonauxcirques.qc.ca/accidents.html
  2. Voir entre autres les actions d’Animalsace [ http://www.animalsace.org/ ] ou encore de Code Animal [ http://www.code-animal.com/ ] très engagées sur cette problématique.
  3. Le Parisien (11 décembre 2012)
  4. Source : France Culture (3 janvier 2014)
  5. Consultez la liste non exhaustive de One Voice de ces cirques d’un genre nouveau : https://www.facebook.com/note.php?note_id=350562050133

 

 

 

Article publié dans le n° de mars de la revue "Vivre en Harmonie"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Point de vue

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
Les enfants, si on leur explique, n'ont pas les yeux qui pétillent à l'annonce d'un cirque avec anxieux. J'emmène ma nièce de 4 ans lorsque je participe à la protection de la migration des amphibiens. Lorsque nous les relâchons dans la mare et qu'elle sait qu'ils ne seront pas écrasés, ses yeux pétillent. Ça vaut tous les cirques du monde.
Répondre
D
De plus en plus de villes refusent les cirques avec animaux, l'abolition de cet esclavage est proche!<br /> Ces cirques refusent toute reconversion éthique, ils ont manifesté le 23 mars contre les attaques des "anti-animaux" (sic). Et la ministre de la Culture s'est engagée à les inscrire au patrimoine culturel de la France !!!!<br /> Nous ne laisserons pas faire ça! Voici la pétition pour la ministre, on compte sur vous!<br /> <br /> Merci de signer la pétition via le lien ci dessous :<br /> http://one-voice.fr/fr/petitions/patrimoine-cirques.html
Répondre
T
Que de contre-vérités dans cet article ! Un "cirque" sans animaux n'est pas un Cirque.<br /> Quand à parler de fauves sautant à travers un cerceau de feu, sachez que cette exercice a pratiquement été abandonné dans tous les vrais Cirques. C'est certain, vous qui dites aimez les animaux en liberté, vous préférez cautionner les massacres d'éléphants en Afrique, par exemple !.<br /> s.
Répondre
C
Vous setre conpletement tare
Répondre
C
Et toujours et encore les mêmes débile qui s'extasient devant ce spectacle d'animaux qui ne connaissent rien d'autres que des cages minuscules ! Je dis honte à eux et encore plus aux parents qui devraient inculquer aux enfants qu'un animal ne se met pas sur une scène mais doit rester libre dans son habitat naturel ! Ça me débecte !
Répondre
F
Exactement <br /> Les enfants ça s'éduque!
M
Jean-Louis, je vais dans la foulée transmettre ton article publié dans "Vivre en Harmonie" de mars, rédigé avec toujours autant de talent, à ma copine Céline ainsi qu'à Sonia et Katia qui ont manifesté hier, une fois de plus, devant un cirque à Strasbourg. A force d'être harcelés, les propriétaires des cirques vont devoir changer leurs pratiques, espérons le plus rapidement possible ..
Répondre
J
Oui, je suis comme beaucoup, persuadé que le cirque peut parfaitement exister sans démonstrations animales. J'aime bien cet univers de paillettes et de lumières, mais lorsque je vois un cirque installé au bord d'une route express ou d'une nationale avec ces pauvres chameaux, zèbres et autres animaux se geler à proximité du défilé incessant de voitures cela me répugne et me dissuade d'aller au spectacle.<br /> Je me demande même si ces cirques n'auraient pas plus de spectateurs en évitant cette désolation.<br /> Donc oui au cirque, mais sans animaux, ni dehors ni dedans!
Répondre
C
Je suis un grand fan des cirques, j'y vais au moins 4 fois par ans, mais je suis contre l'exploitation des animaux. J'aime les performances des artistes, mais les animaux ne sont pas des artistes, ils n'ont pas la volonté de nous éblouir, ils ne sont pas payés, et surtout ils n'ont jamais demandé à apprendre des tours pour nous émerveiller. Ils ne sont pas des artistes, ils ne sont pas volontaires... On les force, on les brutalisé pour qu'ils obéissent, ce n'est pas ça le cirque, même si certains l'ont cru un jour, je ne doute pas qu'en leur montrant la vérité sans far, qu'ils le comprendront. Les animaux n'ont rien a faire au cirque !
Répondre
O
NON à l'exploitation des animaux comme bêtes de cirque, AUCUN animal sauvage n'est fait pour vivre a proximité de l'homme et surtout pas pour lever la patte, jouer au ballon et autres bêtises abominables apprises par la force et la maltraitance, AUCUN animal ne fait cela naturellement. Alors éduquons les enfants et arrêtons ce massacre, merci !
Répondre
D
Il y a des années c'était les hommes des "nouveaux mondes" qu'on exposait de cette façon dans les foires et les cirques. C'est pas parce qu'on a rencontré de la résistance qu'il ne faut pas se battre pour que cette ignominie cesse comme les foires aux souvages ont cessé !!!!
Répondre
P
Nous ne sommes plus au moyen âge ! il y a tellement d'artistes qui n'ont pas besoin d'animaux pour se faire valoir...stop aux animaux dans les cirques.
Répondre