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Publié le par Jean-Louis Schmitt

Guidé par François Steimer, je vous invite aujourd’hui à découvrir un lieu méconnu y compris par bien des alsaciens ! Ce fameux ‘’Bruch de l’Andlau’’ que notre ami défend ‘’bec et ongles’’ depuis des décennies afin que nous puissions le léguer ‘’en l’état’’ à ceux qui vont nous suivre ! Dans le contexte actuel de réchauffement climatique et de pandémie, rien n’est, hélas, moins sûr ! On ne pourra pas dire pour autant que nous sommes restés les bras ballants sans avoir, au moins, essayés de sauver ce qui pouvait encore l’être…

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Paysages et flore typiques du ‘’Bruch’’… Photos : Eric Brunissen (Cliquez pour agrandir)Paysages et flore typiques du ‘’Bruch’’… Photos : Eric Brunissen (Cliquez pour agrandir)
Paysages et flore typiques du ‘’Bruch’’… Photos : Eric Brunissen (Cliquez pour agrandir)

Paysages et flore typiques du ‘’Bruch’’… Photos : Eric Brunissen (Cliquez pour agrandir)

« Un marais impénétrable » c’est en ces termes que le grand botaniste Kirschleger qualifiait le Bruch de l’Andlau en 1861. L’histoire de ce marais reflète les rapports capricieux de l’homme et de la Nature au fil des siècles. Etrange Bruch : déjà le nom qui proviendrait de l’allemand de moyen âge « Bruoch » signifiant « marécage », à moins que ce nom soit une dérivation du verbe « brechen » (percer), allusion à la nappe phréatique qui perçait le sol en de nombreux endroits…

Qu’importe, ce qu’il y a de sûr c’est que le Bruch se transforma graduellement pour passer d’un paysage sauvage de marais à un paysage humanisé constitué d’une mosaïque de prairies humides, de forêts, de taillis et de coulisses d’arbres… le tout sillonné par des cours d’eau et de multiples chenaux que l’on traversait ici ou là grâce à de très jolis ponts arrondis en grès des Vosges.

Photo du Dr. Pierre Schmidt avec petit pont et saule têtard typiques du Bruch de l’Andlau…  (Cliquez pour agrandir)

Photo du Dr. Pierre Schmidt avec petit pont et saule têtard typiques du Bruch de l’Andlau… (Cliquez pour agrandir)

Même si le paysage changeait, il existait toujours un équilibre harmonieux entre l’homme et le Bruch où régnait une formidable diversité biologique avec tout un cortège de plantes et d’animaux sauvages et parmi eux, le courlis cendré, oiseau devenu un peu le symbole des lieux qui faisait régulièrement retentir son chant flûté au printemps ; sans oublier aussi les insolites silhouettes des saules têtards qui lors des soirées d’automne émergeaient de la nappe de brouillard, évoquant des personnages fantastiques qui jadis frappaient l’imagination populaire.

Les vénérables saules têtard du Bruch. François (à droite sur le charroi) se laisse mener par Monsieur Baur (maire de Blaesheim). Photo : Gill Steimer (Cliquez pour agrandir)

Les vénérables saules têtard du Bruch. François (à droite sur le charroi) se laisse mener par Monsieur Baur (maire de Blaesheim). Photo : Gill Steimer (Cliquez pour agrandir)

Malheureusement cette extraordinaire symphonie de sons et de couleurs fut en grande partie interrompue suite au drainage intensif et à l’apparition de la monoculture de maïs. Alors les joies que donnait l’observation des richesses naturelles du Bruch se transformèrent en douleurs provoquées par la raréfaction et la disparition de nombreux oiseaux, comme le courlis cendré qui aujourd’hui a déserté les lieux ; c’est aussi le cas des insectes comme les papillons ; ah les jolis papillons, « ces billets doux pliés en deux à la recherche d’une adresse de fleurs » comme disait le poète, sauf que les fleurs elles aussi sont devenues rares.

Mais le Bruch n’est pas mort ! Sous l’impulsion du monde associatif, en accord avec un certain nombre de communes et avec l’aide du Conseil Général du Bas-Rhin, un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope fut pris il y a près de 40 ans pour protéger environ 400 hectares de Bruch. J’aimerais évoquer ici la mémoire de deux grands amoureux du Bruch qui ont joué un rôle déterminant dans la mise en place de cette protection, à savoir le Professeur Pierre Kuntzmann, originaire de Meistratzheim, et le Docteur Pierre Schmidt, qui vécut et grandit à Blaesheim pour s’installer ensuite comme médecin à Erstein.

 

Calvaire du Bruch. Photo : Eric Brunissen (Cliquez pour agrandir)

Calvaire du Bruch. Photo : Eric Brunissen (Cliquez pour agrandir)

Puis, d’autres actions de protection mais aussi de renaturation ont eu lieu en partenariat avec plusieurs communes et les associations de conservation de la nature comme l’Association Nature Ried, le Conservatoire des Sites Alsaciens, la Bulle du Ried et la Ligue pour la Protection des Oiseaux. De mémoire, cela a été le cas à Krautergersheim, Meistratzheim, Westhouse, Geispolsheim, Bischoffsheim, Innenheim, Blaesheim… Aujourd’hui la commune de Blaesheim marque à nouveau le coup en signant avec l’Eurométropole de Strasbourg et le Conservatoire d’Espaces Naturels d’Alsace un bail emphytéotique qui permettra sur le lieu-dit des Turnipsenmatten, sur une surface de presque huit hectares, de recréer une diversité des milieux typiques du Bruch. Ainsi, cet ancien champ de betteraves, transformé ensuite en peupleraie, va retrouver bientôt des prairies humides, des mares, des dépressions humides… qui se rajouteront à la belle et grande prairie bordée de vieux saules têtards située jusqu’à coté et sur laquelle la commune de Blaesheim a déjà pris un Arrêté pour empêcher qu’elle soit retournée.

Ce faisant, en cette période angoissante de l’effondrement de la biodiversité, vous répondez concrètement à l’attente du philosophe, naturaliste et artiste Robert Hainard, qui disait : « On mesura un jour le degré d’une civilisation non pas à la place qu’elle aura prise à la Nature, mais à celle qu’elle lui aura laissée ou rendue ». Oui, nous allons rendre un peu au Bruch ce que nous lui avons pris !

Si un jour vos pas vous mènent dans ce coin de la plaine d’Alsace, je vous encourage à grimper jusqu’au Gloeckelsberg où, je vous rassure, que les sorcières ont bien quitté les lieux : vous serez alors sur le point culminant de l’Eurométropole (198 mètres), plus haut que la Cathédrale, et vous pourrez tranquillement admirer encore un beau paysage de Bruch, dans lequel vous distinguerez les vieux saules têtards, sentinelles toujours présentes, mais dont il faudra s’occuper pour qu’elles restent debout encore longtemps!

François Steimer

 

 

 

 

 

 

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H
Le Docteur Pierre Schmidt est également à l'origine de la création d<br /> e la réserve du Sommerly à Erstein.
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B
Merci encore pour ce superbe article...
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G
Heureusement, il y a toujours des passionnés qui savent que la lutte contre le réchauffement climatique est l'affaire de tous, à tous les niveaux. Ne baissons pas les bras, protégeons les zones humides qui détiennent une diversité faunistique formidable. Merci François et Jean-Louis pour ce message
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C
C'est bien toutes ces personnes qui ont travaillé ou travaillent encore à conserver ce qui reste, dont ton ami de ce magnifique billet! Bises et beau dimanche aussi !
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Z
Un grand merci à ceux qui ont sauvé ce bout de Nature! <br /> Bonne fin de journée Jean-Louis!
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F
Cela se situe en gros entre Obernai et Erstein, ensuite reperez sur une carte les noms des villages cites dans l'article ,bonne decouverte<br /> Francois
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M
Ça donne envie d'aller voir mais où est-ce exactement ?
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J
Très bel article. Les citations sont excellentes. Un coup de chapeau à tous les défenseurs de leur coin de paradis.
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M
Merci à tous ceux qui ont contribué à sauver ce bout de nature afin que nos enfants puissent encore voir un peu de vrai nature vivante.
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D
Très beau et émouvant, un appel de la Nature à l'homme pour dire j'existe, je vous aime, admirer moi sans me détruire ... .Merci à ceux qui la protège !
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J
Merci à François pour cette émouvante présentation à travers laquelle on saisit son attachement pour ce type de biotope en génaral et le "Bruch de l'Andlau" en particulier...<br /> Bon dimanche à tous en vous souhaitant enfin le retour du soleil !
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