L’info, c’est chaud, comme le climat

Publié le par Jean-Louis Schmitt

L'actualité des médias et des nouvelles technologies expliquée comme les médias ne vous l'expliqueront pas. Cette semaine : la place de l'environnement dans les médias…

Alors que de nouvelles manifestations mondiales des jeunes pour le climat (Youth for climate) sont prévues vendredi 25 et samedi 26 septembre, quelle est notre façon de s’informer sur la situation climatique, la pollution de l’air, des océans, la perte de la biodiversité, les pesticides…? La question n’est pas anodine car la prise en compte des sujets sur l’environnement et/ou l’écologie influe sur les comportements individuels et collectifs.

Depuis quelques années, les médias ont mis du vert dans leurs colonnes. Mais pas assez. «Malgré une forte progression sur 10 ans, les sujets sur le climat et l’environnement peinent à être visibles dans les grands médias», note ADN Innovation dans un article intitulé : «L’environnement, ce sujet qui passionne tout le monde… sauf les médias.» L’article fait référence à une étude de Reporters d’Espoirs dévoilée en juillet 2020 qui porte sur la façon dont les médias traitent du changement climatique.

Sans surprise, on y apprend que «la part dédiée à l’environnement dans les segments d’information les plus visibles de grands médias a nettement progressé au cours des 10 dernières années : elle a notamment été multipliée par près de 3 dans les journaux télévisés du soir de TF1 et France 2». Mais outre que, comme le note l’étude «les sujets environnementaux sont peu contextualisés», ils peuvent aussi être totalement remis en cause par l’incohérence des choix éditoriaux (ça, c’est Charlie qui le dit). On peut ainsi passer d’un sujet sur la pollution atmosphérique dans les grandes villes à un reportage sur le tourisme de luxe à bord d’un yacht sans que le présentateur ne perde son éternel sourire, ni y voit quelque lien de causalité dans le grand n’importe quoi du monde. Ces JT rassemblent une succession «d’infos» filmées où tout se vaut : une bouillie informative peu propice à la réflexion.

Un «effet Greta Thunberg»

Si les sujets environnementaux sont sous-traités c’est, selon Reporters d’espoirs, à cause de leur complexité et du manque de solutions transversales. L’association pointe aussi les matinales radios comme les plus mauvais élèves (entre 0 et 1,3 % de sujets consacrés à la situation climatique). Il est vrai que, sur France Inter par exemple, le type d’info fait l’objet d’émissions thématiques quotidiennes en format long (54 minutes) comme La terre au carré –qui accueillera jeudi 1er septembre Antonio Fischetti et Fabrice Nicolino pour parler science et écologie lors d’une journée spéciale de France Inter consacrée à Charlie Hebdo (nous aussi, on sait faire du placement de produit). L’émission scientifique anciennement nommée La tête au carré a pris une tournure plus environnementale en devenant La terre au carré en septembre 2019 pour traiter de «toute l’actualité de la planète pour imaginer le monde d’aujourd’hui et de demain».

Quant à la presse papier, «on peut noter l’effort du journal Le Monde qui est le seul à afficher le chiffre de 5 % de ses sujets consacrés à l’environnement», note l’étude qui précise que, en dix ans, la part de l’information «climat» dans les quotidiens nationaux a été multiplié par 7.

Il semblerait que la presse ait pris en compte «l’effet Greta Thunberg» et les grèves pour le climat du mouvement Youth for climate, qui sont un temps devenues «le» sujet d’actualité. Mais ça, c’était en 2019. Depuis, le Covid est passé par là et, à en croire les propos des jeunes au micro de Camille Crosnier, la chroniqueuse de La terre au carré, la mobilisation des jeunes français n’a pas résisté au virus : « C’était à la mode l’année dernière, tout le monde voulait participer et puis on est passé à autre chose », déclare l’un des ex-manifestants assez représentatif de l’opinion générale des démobilisés.

Un effet de mode que les Assises du journalisme ont entériné. Initialement prévues au printemps 2020, initialement sur le thème : «Urgence climatique et responsabilité journalistique», elles ont été repoussé au 30 septembre en changeant illico de thématique pour s’intéresser, devinez à quoi? Au Covid coco. Pris comme un sujet à part entière, sans considérer les interactions entre crise de la biodiversité et pandémie. Quant au climat, ben ça attendra…

Natacha Devanda/Charlie Hebdo (25.09.2020)

 

 

 

 

 

 

 

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Publié dans Environnement

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Z
Les lobbys et leurs actionnaires veillent pour que le pognon rentre! <br /> Dans la presse hebdomadaire, dans Charlie Hebdo. les chroniques sur l'environnement de Fabrice Nicolino occupent une page chaque semaine et sont fort édifiantes
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J
Les médias pratiquent en majorité l’auto-censure et c’est au minimum, je crois bien que pas mal font pire. Nous avons pu en effet voir avec la pollution atmosphérique qu’il s’est écoulé environ 20 ans entre la confirmation scientifique de ses effets néfastes et la vraie reconnaissance du problème par, en particulier, les journaux télévisés. À chaque fois qu’une étude venait confirmer la nuisance, des pseudos experts venaient s’exprimer sur les médias en expliquant que tout cela restait à confirmer et il aura fallu plus de 300 études mondiales pour inverser la tendance. Pire, les ministres successifs de la santé venaient avec leur beau sourire expliquer qu’une nouvelle étude allait pour de vrai s’attaquer au problème …autrement dit on repoussait encore et toujours la bonne logique de prise en compte du problème.<br /> Et c’est exactement pareil pour le climat, comme ça l’est pour les pesticides et autres, comme ça l’a été pour l’amiante, le tabac, l’alcool et j’en passe.<br /> Je rêve parfois d’une revue ou bien d’un journal exclusivement dédié à ce problème majeur pour la planète et que l’on s’acharne à nier (voir Trump, Bolsomachin…) ou à éviter et toujours pour ce foutu fric!
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A
Les politiques et les médias ne disent que ce que la majorité des gens veut entendre pour sauvegarder soit l'électorat soit l'audimat. En fait tout devrait être traité honnêtement en acceptant que les choses ne sont jamais totalement bonnes ou totalement mauvaises. Greta défend les véhicules électriques en oubliant comment sont fabriquées les batteries. Il est souvent question de bio-diversité, pourquoi ne pas parler de Energie-diversité : le tout énergie-fossile, le tout électrique issu du tout nucléaire, tout panneaux solaires, tout éoliens etc... sont tous aussi mauvais les uns que les autres. Mais voilà, les gens ne savent que s'agresser en défendant leur idée sans envisager que l'idée de l'autre pourrait être complémentaire.
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O
Les hirondelles sont parties mais Greta est (presque) de retour, c'est super.
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