À propos de l’ensauvagement…
Les mots employés dans les joutes oratoires des polémistes et des politiques sont truqués. Dernier exemple en date le terme « ensauvagement», otage des politiques sécuritaires à venir. Et si on réhabilitait vraiment le sauvage dans sa vraie acception, celle de liberté et de nature...
« Il est temps de ré-ensauvager la nature pour lui rendre la dimension qui fera notre bonheur… ». Photo : JLS (Cliquez pour agrandir)
Depuis quelques semaines, le mot circule avec frénésie, telle une boule de flipper. L’ « ensauvagement » est dans toutes les bouches. Il est devenu l’otage des polémiques sécuritaires du moment. Regardons le dictionnaire. Au mot « ensauvagement », on trouve : « fait d’ensauvager, de s’ensauvager ». On est bien avancé !
En poursuivant, on constate qu’ensauvager signifie : « rendre quelqu’un sauvage, lui donner un aspect sauvage ». Allons donc à l’essentiel, le mot « sauvage ». La définition du dictionnaire est claire : « se dit d’une espèce non domestique, vivant en liberté dans la nature ». Ainsi une espèce non domestique vivant dans la nature serait une menace ?
Tremblez rouges-gorges, écureuils et autres vers de terre, vous êtes des sauvages, vous incarnez ce que notre société doit rejeter pour trouver la paix !
En usant péjorativement du mot « sauvage » ou « ensauvagement », les polémistes desservent l’idée de nature. Une fois de plus, elle renvoie à nos peurs les plus secrètes. Elle réveille nos inquiétudes et nos doutes. Elle creuse le fossé de la réconciliation. La beauté d’une nature sauvage (Victor Hugo disait que le beau était plus utile que l’utile), les richesses que nous offre sans compter le monde sauvage, les thérapies qu’il induit… tout cela reste relégué. Il sera d’autant plus facile de faire courber les ours et s’affaisser les loups.
« Dominons l’ensauvagement » nous conjurent les sachants. Ils s’y emploient subrepticement. Le sauvage s’efface comme un soleil couchant, victime de nos ambitions. L’artificialisation fait reculer la nature sauvage, de même que l’assèchement des zones humides ou le réchauffement climatique. Il est temps de ré-ensauvager la nature pour lui rendre la dimension qui fera notre bonheur…
Allain Bougrain-Dubourg (09.09.2020)
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