À propos de l’ensauvagement…

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Les mots employés dans les joutes oratoires des polémistes et des politiques sont truqués. Dernier exemple en date le terme « ensauvagement», otage des politiques sécuritaires à venir. Et si on réhabilitait vraiment le sauvage dans sa vraie acception, celle de liberté et de nature...

« Il est temps de ré-ensauvager la nature pour lui rendre la dimension qui fera notre bonheur… ». Photo : JLS (Cliquez pour agrandir)

« Il est temps de ré-ensauvager la nature pour lui rendre la dimension qui fera notre bonheur… ». Photo : JLS (Cliquez pour agrandir)

Depuis quelques semaines, le mot circule avec frénésie, telle une boule de flipper. L’ « ensauvagement » est dans toutes les bouches. Il est devenu l’otage des polémiques sécuritaires du moment. Regardons le dictionnaire. Au mot « ensauvagement », on trouve : « fait d’ensauvager, de s’ensauvager ». On est bien avancé!

En poursuivant, on constate qu’ensauvager signifie : « rendre quelqu’un sauvage, lui donner un aspect sauvage ». Allons donc à l’essentiel, le mot « sauvage ». La définition du dictionnaire est claire : « se dit d’une espèce non domestique, vivant en liberté dans la nature ». Ainsi une espèce non domestique vivant dans la nature serait une menace?

Tremblez rouges-gorges, écureuils et autres vers de terre, vous êtes des sauvages, vous incarnez ce que notre société doit rejeter pour trouver la paix!

En usant péjorativement du mot « sauvage » ou « ensauvagement », les polémistes desservent l’idée de nature. Une fois de plus, elle renvoie à nos peurs les plus secrètes. Elle réveille nos inquiétudes et nos doutes. Elle creuse le fossé de la réconciliation. La beauté d’une nature sauvage (Victor Hugo disait que le beau était plus utile que l’utile), les richesses que nous offre sans compter le monde sauvage, les thérapies qu’il induit… tout cela reste relégué. Il sera d’autant plus facile de faire courber les ours et s’affaisser les loups.

« Dominons l’ensauvagement » nous conjurent les sachants. Ils s’y emploient subrepticement. Le sauvage s’efface comme un soleil couchant, victime de nos ambitions. L’artificialisation fait reculer la nature sauvage, de même que l’assèchement des zones humides ou le réchauffement climatique. Il est temps de ré-ensauvager la nature pour lui rendre la dimension qui fera notre bonheur…

Allain Bougrain-Dubourg (09.09.2020)

 

 

 

 

 

 

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Z
C'est tout de suite ce à quoi j'ai pensé, merci à Allain Bougrain Dubourg de dire si bien en quoi ce terme à de péjoratif , de faux et de pervers!
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Z
Désolée pour la syntaxe fautive ! "Merci à ABD de dire si bien ce que ce terme a de péjoratif, de faux et de pervers."
G
Cette photo de Jean-Louis, nous montre toute la tristesse d'un loup à qui l'on a enlevé sa joie de vivre en liberté. Mettons nous à la place de ces pauvres animaux contraint de vivre dans un espace restreint. Nous l'avons vécu pendant le confinement et toutes les occasions étaient bonnes pour s'évader dans la nature
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B
Je partage aussi.<br /> Merci encore à Allain Bougrain-Dubourg !!
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A
Le terme «  ensauvagement pourrait être entendu comme rappelant le terme de « sauvages » désignant les tribus africaines et sud-américaines et donc être reçu comme une expression très raciste. Si un éditorialiste pouvait en faire son sujet cela couperait court à cette mauvaise utilisation du terme ensauvagement qui ressemble à un raccourci entre sauvage et mauvais. C’est bien de rappeler que sauvage ne signifie pas dangereux.
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D
Je pense qu'il veut dire donner plus de place à la vie sauvage et il a mille fois raison...de profiter de l'émergence exponentielle de ce terme pour nous rappeler ce qu'est le sauvage et combien il doit être protégé, dans l'intérêt de tous humains compris. Les comportements violents sur fond de bêtise ou d'embrigadement appellent effectivement un autre terme car le sauvage dans la nature c'est la liberté et la pérennité, la Vie quoi !
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D
Ré-ensauvager ou respecter la vie dans les lieux gérés par l'homme qui sont les plus nombreux ?
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