Un jardin naturel
Pour le plus grand nombre, la nature n’est belle et fréquentable que lorsqu’elle est ordonnée, entretenue, exploitée, domestiquée… Il en est de même pour les jardins dont la majorité sont magnifiquement tirés au cordeau, taillés au carré et indemnes de la moindre « mauvaise herbe »… Bref : certes d’une propreté irréprochable mais, surtout, d’une tristesse inouïe car relativement dépourvus de vie !
Il n’est pas facile de se débarrasser de certaines habitudes d’autant plus que, depuis des lustres, notre société prône une certaine uniformisation, voire même une relative standardisation ! Pour le coup, si on prend l’exemple de l’agriculture, les paysages ont été profondément et durablement modifiés par les remembrements successifs : des milieux d’une extrême richesse (haies, mares, talus…) ont été radicalement détruits de même que la faune et la flore qui allaient naturellement avec ! Le bilan est aujourd’hui terrifiant et on ne peut que constater la réduction voire la disparition de nombreuses espèces tant végétales qu’animales… Il n’est pas simple de se battre contre ce fléau qu’est devenue l’agriculture productiviste qui, non seulement, altère l’environnement mais pollue également considérablement et empoisonne durablement les sols : des associations et d’authentiques paysans tentent de sauver ce qu’ils peuvent et il convient de saluer leur combat et de les soutenir autant que possible !
Un jardin accueillant
Concernant les jardins, le constat n’est guère beaucoup plus heureux : la majorité des espaces verts des particuliers sont en fait de véritables déserts où le simple vol d’un papillon ou d’un bourdon devient un événement à marquer d’une pierre blanche ! Fort heureusement, avec un peu de volonté et beaucoup de patience, on peut remédier à ce désolant état de fait et (re)créer un espace agréable et accueillant où le terme « biodiversité » reprend tout son sens ! Certes, quelques aménagements s’imposent mais rien d’insurmontable pour faire d’un modeste jardin un refuge naturel où, progressivement, la vie réapparaîtra !
Offrir le gîte et le couvert
Contrairement à une haie de thuyas, une haie champêtre constitue un lieu de vie et de refuge pour un nombre incalculable de petits animaux et de plantes ! En diversifiant les essences (houx, noisetier, viorne, charme, prunellier, sureau, troène, fusain…) on offre de surcroît des fruits et des baies a beaucoup d’espèces animales qui animeront utilement le jardin !
Les insectes et autres pollinisateurs apprécieront également la présence de quelques recoins où on laissera pousser librement les herbes les mieux adaptées au terrain ! Si d’aucuns considèrent ces plantes-là comme « mauvaises », vous vous apercevrez rapidement qu’elles ont un formidable pouvoir d’attraction pour une faune particulière que vous découvrirez avec d’autant plus de plaisir qu’elle se raréfie considérablement un peu partout : lézards, papillons, criquets, sauterelles, oiseaux, crapauds, hérissons… témoigneront en outre de la parfaite santé de votre petit paradis où, bien évidemment, tous produits phytosanitaires seront impitoyablement bannis !
Laisser une place aux orties
Mal-aimée, la petite piquante recèle pourtant de nombreux bienfaits ! Les jardiniers par exemple s’en servaient d’engrais naturel en faisant macérer les orties dans l’eau (purin d’ortie) tandis que les fermiers les utilisaient jadis comme complément alimentaire pour le bétail et de pâtée pour les volailles… Quant aux ménagères, elles savaient les accommoder judicieusement et les cuisinaient comme des épinards ou encore en délicieux potages et autres crêpes ! Mais, les orties sont surtout utiles à un grand nombre de petites bêtes : pas moins de 120 espèces ont ainsi été dénombrées par des scientifiques (des papillons, des syrphes, des coléoptères…) sur ces plantes-hôtes ! Aussi, plutôt que de vous acharner à les arracher, prenez plutôt une loupe et prosternez-vous devant la reine Ortie : vous y découvrirez à coup sûr un monde fascinant !
Prairie fleurie
Les fauches précoces sont un désastre pour la flore qui n’a plus le temps d’opérer son cycle naturel ! Résultat : les prairies s’appauvrissent et privent de nombreux insectes des plantes et fleurs qui sont pourtant nécessaires à leur survie… Pour voir voleter des butineurs dans votre jardin, il faut donc que ceux-ci puissent y trouver de quoi se nourrir : semez une prairie fleurie et vous serez assuré du plus beau des spectacles qui soit, celui des insectes volant de fleur en fleur !
Penser aux oiseaux
La haie, les arbres, la prairie… tout cela attirera immanquablement des oiseaux qui trouveront ainsi des insectes, des graines, des baies et des fruits à se mettre dans le bec. Grâce à l’installation de nichoirs et à l’aménagement de points d’eau et de bains d’oiseaux, cette gent ailée n’aura plus aucune raison d’aller voir ailleurs et, pour peu que votre foyer ne compte pas de chat trop chasseur, vous pourrez bénéficier de concerts gratuits de certains virtuoses comme la fauvette à tête noire, le rougequeue à front blanc, la linotte mélodieuse, le rougegorge… de l’aube au crépuscule !
Jardin sauvage
Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas entretenu : un jardin sauvage est, au contraire un espace où la conservation de la nature prend tout son sens en reproduisant à une échelle, certes réduite, les milieux naturels, les biotopes si cruellement menacés par ailleurs ! Le jardin sauvage (ou « naturel » ou encore « écologique », « biologique »…) a vocation de refuge -aussi naturel que possible- à la vie sauvage, qu’elle soit végétale ou animale ! Comme tout jardin, il fait l’objet d’une gestion pour éviter que certains végétaux ne prennent trop leurs aises au détriment d’autres moins combatives ! Quelques principes fondamentaux sont à observer. Comme je le disais plus haut, afin de favoriser au mieux la biodiversité, on se gardera d’utiliser quelque produit toxique que ce soit et bien évidemment on n’utilisera aucun engrais de synthèse ou chimique ! Ne pas chercher à tout contrôler entre également dans la « philosophie » du jardin naturel : si des espèces locales s’installent spontanément, autant les laisser puisqu’elles seront parfaitement adaptées au terrain… On peut également conserver le bois mort et les branches résultant de tailles : aux « Joubarbes » nous en faisons des « murs » végétaux qui constituent d’excellents abris pour quantité d’animaux (araignées, lézards, troglodyte mignon, hérissons…) : entretenus, les « murs » en question constituent également des éléments de décors du jardin tout à fait esthétiques !
Il y a en outre un aspect pédagogique indéniable à ce type de jardin qui permet de faire découvrir aux autres qu’avec un peu d’imagination on peut donner un réel coup de pouce à la biodiversité en ne nuisant nullement à son environnement, bien au contraire, et ce tout en permettant d’admirer quotidiennement le merveilleux spectacle de la nature… à sa porte !
Article publié dans le n° de juillet-Août 2018 de la revue "Vivre en Harmonie"
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